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23/01/2009

La tuilerie Monier à la conquête des marchés

La nouvelle tuilerie de Signy-L'Abbaye veut ignorer la crise du bâtiment. Neuf mois après son démarrage, l'usine est encore en phase de rodage. Avec des embauches maintenues.«Mon souci, c'est de fabriquer ». Directeur de l'usine flambant neuve de Signy-L'Abbaye, l'Ardennais Alain Absous est revenu au pays avec plusieurs challenges à relever : démarrer la toute dernière usine du groupe Monier, dont Lafarge détient encore 35 %. Et lancer déjà deux nouveaux modèles de tuiles à la conquête des marchés du Nord de la France et du Benelux.
Neuf mois après, des réglages restent à effectuer sur ce site de production de 34.000 m2. Le personnel qui comprend 65 CDI, et encore des intérimaires, a été spécialement formé à des métiers très automatisés. « D'ici fin 2009, nous aurons recruté une quinzaine de personnes supplémentaires ». La plateforme de 14 ha permettrait même de passer la production de 110.000 tonnes à 190.000 tonnes.
Argile de qualité
L'usine, qui pourra produire 34 millions de tuiles par an, est encore en phase de montée en puissance. « La crise n'a pas d'impact pour le moment. Nous sommes dans la conquête de marchés ». Avec trois autres nouveaux produits en 2009 pour satisfaire les acquéreurs de maisons individuelles. Des tuiles plus grandes et plus faciles à poser, des formes plates et une palette de couleurs… Le site ardennais offrira à terme quarante formes d'accessoires en vente chez les négociants en matériaux de construction.
Pourquoi les Ardennes ? « Pour l'argile de qualité de Signy l'Abbaye. Nous avons une centaine d'hectares qui nous assurent 50 ans de réserve d'argile ». Alain Absous, qui a longtemps dirigé le site charentais de Roumazières, ajoute la présence d'un gazoduc au bout de l'usine grosse consommatrice de gaz. « Signy-L'Abbaye est bien située au nord de la Loire où nous n'étions pas présents. Les Ardennais ont une vraie culture industrielle. Nous avons reçu des aides financières. Et surtout, un excellent accueil ». Les Ardennes ont ainsi fait la différence avec le Nord. En août 2007, le premier coup de pioche était donné dans ces terres argileuses. Depuis sa nouvelle usine de Limoux, c'est le site industriel le plus récent du fonds d'investissement français PAI Partners (65 % du capital de Monier).
Du broyage à la cuisson
Le directeur use d'une formule pour mesurer le degré d'automatisme de l'usine : « la première personne qui touche la tuile, c'est le couvreur qui la pose sur le toit »…On est loin des premiers artisans de terre cuite inventée par les Chinois. À Signy-L'Abbaye, Monier a retrouvé les vertus d'une argile aux qualités plastiques, dès lors qu'elle est mélangée à un dégraissant extrait de poudres d'ardoises de… Rimogne. De l'extraction au broyage, la carrière est à un jet de pierres. Après la mouleuse qui consiste à façonner l'argile, les galettes sont ensuite pressées entre des moules en plâtre, à raison de 80 à 114 tuiles à la minute. Le séchage permet de faire passer l'humidité de la tuile de 20 % à 1,5 %. En phase d'engobage, des pigments naturels sont appliqués au moyen de jets. La cuisson passe par un four d'une longueur de 200 mètres permettant d'y stocker jusqu'à 120.000 tuiles (pour les 20/m2). La température monte jusqu'à un palier de 1.050 degrés. Le contrôle qualité est encore assuré par des intérimaires, avant la prochaine automatisation. À terme, l'usine disposera de deux mois de stocks en hiver, en prévision des déstockages d'été.

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