Le bilan affiché par le capital-investissement français ne désamorce pas les critiques sur ses éventuels excès.
Mais les dossiers chauds se multiplient pour la profession, qui se voit contrainte d’intensifier son lobbying. Pour la première fois de son histoire, c’est devant un parterre de députés que le président de l’Afic, Patrick Sayer, a dressé son bilan, le 28 novembre. Il y a quelques jours encore, il était reçu à Matignon, tandis que ces derniers mois, plusieurs délégations de l’association faisaient des allers-retours à Bruxelles. « Il a fallu un an pour que la société Fransbonhomme, qui en est à son quatrième LBO, finalise son dispositif de participation », indique Patrick Sayer. Et de rappeler l’urgence de l’adoption de la loi sur la participation pour renforcer les liens entre les entreprises et leurs salariés.
Des rumeurs de raids boursiers
Autres chantiers : la mise en place d’un « small business act » européen pour favoriser l’accès des PME aux marchés publics, des allègements fiscaux pour le soutien aux jeunes pousses… La profession doit surtout répondre à tous ceux qui lui reprochent de faire main basse sur les fleurons français de l’industrie et des services. « La pression financière liée au remboursement de la dette d’acquisition des LBO est forcément préjudiciable à l’entreprise, insiste Philippe Matzowski, porte-parole du comité LBO, impulsé par la CGT. Elle l’est pour l’emploi et pour l’investissement ». Un autre signal est tiré par des économistes qui s’alarment de la création d’une bulle financière. Les milliards d’euros disponibles, l’appétit et la concurrence entre les investisseurs font irrémédiablement flamber les prix des sociétés et avec eux, le volume des dettes de financement.
Or, si les fonds ne s’intéressent qu’aux entreprises réputées performantes, une remontée des taux d’intérêt ou un retournement de conjoncture pourraient enrailler la machine. Enfin, les rumeurs de raids boursiers menés par des fonds sur des groupes français cotés renvoient le capital-investissement sur le terrain du patriotisme économique. « Plus les cibles sont grosses, plus notre profession va se heurter au pouvoir politique, admet Patrick Sayer. Mais quand on parle d’une OPA d’un fonds comme KKR sur un groupe comme Vivendi, qui peut dire s’il s’agit d’une opération hostile ou amicale ? ». Les groupes du CAC 40 n’ont pas fini de lorgner le non-coté.
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