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07/10/2016

Recyclage et réemploi de matériaux en construction, mythe ou réalité ?

Le réemploi de matériaux dans la construction se développe avec l’émergence de nouvelles façons de construire, portées notamment par l’association d’architectes Bellastock. Dans un rapport paru en avril 2016, l’ADEME se penche sur les freins au développement de cette filière et propose des leviers pour la promotion de cette pratique.

Chaque habitant produit plus de 354 kg de déchets ménagers par an, mais si on prend en compte tous les types de déchets, et notamment ceux liés à l’industrie et à la construction, ce chiffre passe à plus de 14 tonnes par an et par habitant ! Les ressources s’épuisent et les déchets ne font que croitre...
Il parait vital de trouver des solutions pour inverser cette tendance. Le recyclage se pose comme solution évidente à cette problématique, mais comment et dans quelles mesures peut-il s’appliquer au secteur de la construction ?
Dans son rapport « Identification des freins et des leviers au réemploi de produits et matériaux de construction », l’ADEME rassemble différents retours d’expérience de projets déjà mis en place et répertorie un certain nombre d’actions pour favoriser le réemploi.
Constat général de l’étude :
Les premiers résultats de l’étude ont montré que le développement du réemploi devait d’abord passer par une sensibilisation des acteurs en diffusant des retours d’expérience et une formation aux bonnes pratiques du réemploi dans les secteurs de la construction et des travaux publics.
Les freins au réemploi :
Dans le secteur du bâtiment, les principaux freins liés au statut juridique des matériaux réemployés et des garanties sur la qualité des produits et construction. En effet, le statut de déchet n’est pas encore reconnu et la garantie n’est pas assurée. Le développement de la filière reste donc encore limité, accentué par une modification nécessaire des pratiques de pose et dépose des matériaux.
Concernant le secteur des travaux publics, les freins sont proches de ceux du secteur du bâtiment.
Ces freins s’expliquent par une pratique encore récente en France – victime d’aprioris négatifs - et peu réglementée. L’acceptation du recyclage n’est encore que trop faible par rapport à d’autres pays. La valorisation de l’ouvrage du point de vue environnemental n’est pas encore assez reconnue ni mise en valeur, ce qui ne permet pas une différenciation assez importante par rapport aux autres types de construction.
Les actions à mettre en place :
>> Evolution réglementaire
Une évolution réglementaire est attendue pour pouvoir légitimer le statut de déchet et favoriser le réemploi, de même qu’une meilleure définition de la responsabilité des entreprises de construction.
>> Requalification des produits de dépose
Une requalification des produits de dépose permettrait de faciliter leur intégration dans la réglementation en vigueur. Une anticipation du devenir des matériaux et une facilitation de la mise à disposition de ces produits de dépose améliorerait le recyclage.
>> Diffusion des retours d’expériences
Le rapport encourage une meilleure diffusion des retours d’expériences afin de lutter contre les aprioris négatifs qui grèvent le développement de la filière.
Perspectives du recyclage :
Néanmoins, aujourd’hui des projets utilisant des matériaux recyclés existent déjà comme par exemple la Recycled Materials au Chili ou la Springfield House au Kansas :
La Recycled Materials Cottage au Chili et la Springfield House au Kansas, USA, issu du livre Matière Grise.
En France, des projets de recyclage sont aussi présents, le projet Reclybeton est l’un d’eux. Ce projet de recherche vise la réutilisation du béton dans les nouvelles constructions. Aujourd’hui seulement 10% du béton est recyclé ce qui est faible par rapport à nos voisins. Des expérimentations sont en cours – notamment en Ile-de-France - et pourraient permettre le développement de ces pratiques dans les prochaines années. Dans le même esprit, la SNCF porte un projet de réalisation d’entrepôts réalisé à 90% grâce à des matériaux récupérés sur leurs sites (remplacement de traverses etc.). Ces perspectives pourraient permettre de faire évoluer la vision sur le recyclage et devenir des vitrines à ciel ouvert du réemploi.
Pour aller plus loin :
Les détails des actions et les retours d’expérience pour les projets de réemploi peuvent être retrouvés dans l’étude complète de l’ADEME en suivant le lien : http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/identification-freins-reemploi-btp-201604-rapport.pdf
D’autres références et retours peuvent être retrouvés sur le site de l’association Bellastock, engagée dans la démarche du recyclage : http://www.bellastock.com/, ou dans le livre Matière Grise, Matériaux/Réemploi/Architecture, ENCORE HEUREUX Julien Choppin & Nicola Delon, Pavillon de l’Arsenal.
Source Les ENR par Tania Jalocha

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