Pages

16/08/2016

Pascal Ballivet, fabricant de... terre, à Ferrières-en-Bray

Ferrières-en-Bray. Pascal Ballivet exerce la profession plutôt originale de fabricant de terre : il fournit les potiers du pays de Bray, notamment...

Fabricant de terre ! C’est le métier de Pascal Ballivet, installé depuis 1986 dans un hangar à Ferrières-en-Bray... dont on a du mal à définir à quoi il peut bien servir lorsqu’on le découvre.
La terre produite par Pascal Ballivet ne sert pas à fabriquer des briques mais est destinée aux potiers : les contraintes sont différentes, la matière est plus propre.
« J’étais électromécanicien à l’origine, dans une entreprise qui utilisait de la terre pour fabriquer des tuiles. Je me suis intéressé aux fours et à la régulation de la cuisson, et mon beau-père, ancien employé chez Démarquet (Cérafrance aujourd’hui qui travaille la céramique, NDLR), m’a appris le métier. À l’époque, il maîtrisait treize formules qui lui permettaient de fabriquer une bonne terre. Aujourd’hui, j’en suis à vingt-quatre formules. Mais maintenant, tout le monde fait tout et n’importe quoi et je ne sais pas si je vais pouvoir continuer longtemps. Le travail devient difficile, avant on savait tirer la terre, maintenant tout est mélangé et il faut faire avec. »
Qui fait appel à Pascal Ballivet ? « J’ai des appels de céramistes en manque de matière première. Parfois c’est pour de la porcelaine. Là, c’est encore différent : il faut du kaolin entre autres. Je ne vais pas investir dans ce domaine. »
Côté calendrier, le « terrien » « fait livrer de la terre au printemps. Je la laisse sécher naturellement ; il faut qu’elle soit bien sèche afin de passer au broyeur, car les trous du tamis sont de 3 mm. C’est en général en octobre. Je n’ai du matériel que pour ce que l’on appelle de la voie sèche. Pour la fabrication des petits pavés, je dois la mouiller à nouveau et la cuire à 1 260 degrés. Parfois, certains potiers viennent tester la terre directement sur place. Si après cuisson leur œuvre ne correspond pas à celle souhaitée, je change à nouveau ma composition ».
DE 100 À 30 TONNES
L’artisan utilise la chamotée, « une argile cuite concassée, broyée, tamisée, pesée à 100 g près, afin d’obtenir un grain fin, lisse, moyen gros et avec la possibilité de 4 couleurs : blanc, noir, rouge, brun ». Achetée à l’état brut, la terre est ensuite travaillée. Taux de silice, aluminum, fer, potasse : tout est analysé minutieusement. « C’est une matière vivante qu’on ne maîtrise pas, c’est elle qui vous maîtrise. Il faut la laisser travailler, respirer, vieillir », explique encore Pascal Ballivet.
Le professionnel ne pourrait pas avoir sa propre carrière pour extraire la terre. Il faudrait d’abord la trouver, avoir une autorisation, diligenter une enquête publique - ce qui demande au mois deux ans - et ensuite extraire un tonnage minimum par an. En conséquence, il se déclare inquiet quant à savoir s’il va continuer à pouvoir fournir les potiers, sculpteurs, instituts médicaux et autres beaux-arts, centres de loisirs, etc. « À mon niveau, je suis un petit, reconnaît-il. Avant, je faisais entre 80 et 100 tonnes par an avec huit manipulations, toutes à la main, maintenant cela tourne autour de 30 tonnes. Alors que les grosses structures en font 4 000 avec leurs machines. Je fabrique également, depuis dix ans ,de la terre cellullosique, c’est une terre mélangée avec du papier : cela se tient mieux, pour la sculpture c’est plus stable. »

Source Paris Normandie

Aucun commentaire: